Pourquoi le prix du gaz naturel augmente-t-il ?

A la suite de la flambée des cours, le gouvernement a instauré un blocage des tarifs du gaz en octobre 2021. Sans cette mesure salutaire, la facture aurait été salée pour les contribuables français qui se chauffent au gaz, avec un quasi-doublement des prix. Mais quelles sont les causes de cette hausse incontrôlable du prix du gaz naturel ?

Les prix du gaz naturel en forte augmentation depuis 2021

La hausse du prix du gaz naturel n’est pas un phénomène nouveau. En juillet 2021, le tarif réglementé du gaz a augmenté de quasiment 10% par rapport à juin. Les deux mois suivants ont aussi été caractérisés par des hausses spectaculaires des cours : + 5,3% en août et + 8,7% en septembre.

Résultat : le tarif réglementé du gaz, qui constitue un tarif de référence pour beaucoup de fournisseurs d’énergie en France, atteint un record de prix jamais vu en septembre 2021. Au total, le budget annuel moyen d’un ménage qui utilise le gaz pour se chauffer augmente de plus de 600 euros entre janvier et octobre 2021, soit une hausse record de 54%.

Cette hausse se poursuit à la fin de l’année 2021 : le 17 décembre, les analystes enregistrent un prix de 138 euros du mégawattheure sur le marché Powernext. Soit une hausse de plus de 200% par rapport à août 2021.

Suite à ces augmentations, l’Etat a mis en place un bouclier tarifaire dès octobre 2021. Au printemps 2022, le cours du gaz flambe à nouveau sur les marchés, et se rapproche dangereusement du seuil des 250 euros du mégawattheure. Le prix a donc quasiment doublé depuis décembre 2021.

Le prix du gaz vert est plus stable

Seule exception, le gaz vert, dont le prix diminue de 0,5% chaque semestre, par décret. L’objectif du gouvernement est que 10% du gaz injecté dans les tuyaux soit vert d’ici 2030, afin d’encourager les projets de méthanisation.

Le gaz vert, dont ENGIE est le leader français, se différencie du gaz classique par le fait qu’il s’agisse d’une énergie 100% renouvelable produite localement à partir de déchets organiques principalement issus de résidus agricoles. Pour autant ce gaz vert peut etre utilisé exactement pour les memes usages que le gaz « classique », c’est à dire aussi bien pour se chauffer ou cuisiner.

Une pénurie du gaz suite à la reprise post-Covid ?

La récession causée par l’épidémie de Covid-19 avait fait chuté les cours du gaz. La reprise économique les redresse avec force et constance. La demande de ressources énergétiques est énorme, notamment en Asie, où la Chine représente le premier importateur mondial de gaz naturel liquéfié, suivie du Japon.

D’autre part, les stocks européens sont au plus bas depuis des années. Ce fait est encore aggravé par des dommages subis par certaines infrastructures russes dans le courant de l’année 2021. Le déséquilibre entre une offre limitée et une demande en forte hausse fait donc mécaniquement augmenter les prix.

La hausse de la consommation des « droits à polluer » explique aussi une partie de cette hausse. Il s’agit de permis d’émission qui représentent l’autorisation de produire une quantité donnée de gaz à effet de serre. Le prix de ces quotas européens a fortement augmenté lors de ces derniers mois, poussé par la spéculation autour des matières premières. Par conséquent, la production d’électricité à partir de gaz naturel coûte désormais plus cher aux fournisseurs, qui doivent répercuter cette hausse de leurs coûts sur les consommateurs finaux.

La guerre en Ukraine responsable

Depuis le début de la pénurie de gaz, la Russie se trouve en position de force face aux pays européens qui dépendent de ses exportations de matières premières. De manière générale, le prix du gaz naturel est utilisé comme une arme géopolitique. Ainsi, la Russie cherche à accélérer la mise en place du gazoduc Nord Stream 2, qui passe par la mer Baltique en contournant les pays d’Europe de l’Est.

La Commission Européenne y est opposée et l’a exprimé par une directive en 2020. Par conséquent, la Russie a tout intérêt à faire artificiellement augmenter le prix du gaz naturel en Europe, afin de faire pression sur les institutions européennes.

La guerre en Ukraine a encore exacerbé les tensions. L’approvisionnement en gaz russe des pays d’Europe, notamment de l’Est, est incertain. Ainsi, la compagnie gazière russe Gazprom a récemment cessé ses livraisons à la Lettonie, car le pays balte aurait violé les termes de son contrat.

Les livraisons de gaz via Nord Stream 1 sont aussi fortement réduites à 40 % de leur capacité. Gazprom argue cette fois de problèmes de maintenance. De son côté, l’Europe tente encore plus de réduire sa dépendance au gaz russe. Par conséquent, les marchés s’affolent et atteignent des sommets.